mardi 20 février 2007

Village

Comme le veut la tradition, lorsque l’on s’arrête dans un village, il faut montrer son respect pour le chef. Le samedi matin, le guide nous dit « il faudrait que quelqu’un attache une chèvre devant sa maison, si vous voyez ce que je veux dire ». Ouais, enfin faut pas abuser quand même, sinon le w.e. risque de nous revenir cher. On tente de faire comprendre qu’on n’a pas vraiment les moyens, mais qu’on pensera au chef à notre départ du village. Le guide nous explique alors qu’il faut voir le chef AVANT de partir en montagne. Si telle est la règle… Sauf que le chef s’est barré à Douala et que personne ne sait quand il va revenir. On papote donc avec la famille de Martial, et on finit par décider d’un commun accord que le chef ne va pas nous gâcher la journée : On part sans plus attendre. Et le chef ne nous en a pas voulu. En tout cas au début.

Car le lundi matin, avant de partir, nous sommes allés lui rendre visite. Le 4x4 garé à côté de son beau jardin, le chef assis sur sa chaise a l’air fier de lui. Nous laissons Martial parler et lui offrir notre présent : une bouteille de whisky. En sortant, Martial nous dit que le chef n’est pas content : Sur les 10.000 que nous avons donnés aux guide, il était censé en remettre la moitié à son chef. Mais il ne l’a pas fait. Bien au contraire… il a même été lui rapporter que « les blancs ont été durs, ils ne m’ont donné que 2.000 ». En apprenant cela, le chef s’est donc un peu vexé. Ce qui peut se comprendre, surtout que la bouteille que nous lui avons offerte valait moins que 10.000CFA. Le chef gagnerait moins qu'un guide vénal ? Pour ne pas que la famille de Martial soit la cible de représailles, nous avons donc complété notre cadeau avec un billet de bus pour que le chef aille retrouver sa sœur à Douala. Et nous le laissons passer un savon au guide qui a essayé d’arnaquer son chef ;)

mercredi 14 février 2007

Lundi 12 février

Ce matin, le réveil est un peu plus difficile que les autres jours… La fatigue accumulée commence à se faire sentir. Martial, toujours aussi matinal, nous sort du lit dès 7h30 pour le petit déjeuner : Razzia sur les beignets achetés la veille à Nkongsamba. Puis nous organisons une petite ballade aux alentours du village, avec le « Tonton Raymond » de Martial.






L’ancienne gare de Nlohé, à proximité des plantations d’ananas

Nous passons devant l’ancienne gare, construite par les allemands et désaffectée depuis depuis, comme on dit ici. La production de café n’était plus assez importante pour justifier la présence d’une gare à Nlohé.

Nous sommes en saison sèche, et à cette période de l’année, les caféiers sont en fleurs et embaument. Mais ça ne sent pas le café !





L’usine de café désaffectée, et les fleurs de caféier

Pour atteindre l’usine de café, il faut au préalable passer sur un vieux pont allemand. Il est un peu rouillé, mais il tient toujours debout. A l’époque, les allemands construisaient du solide dirons-nous… Celui-ci enjambe la rivière, et il n’a plus de barrières pour se tenir. Autrefois, c’était le train qui passait dessus. Maintenant que les rails ont été enlevés (lors des batailles du maquis dans les 60’s) c’est au tour des gamins de jouer à trap-trap dessus. Pas étonnant qu’il y ait des accidents récurrents…



Le vieux pont allemand

Puis en poursuivant notre chemin pendant une trentaine de minutes, nous atteignons l’endroit dont la famille de Martial nous avait parlé : un lieu très calme et super agréable pour se baigner. L’eau est fraîche et permet de soulager les piqûres de mout-mout qui se sont réveillées depuis la veille. Les filles, s’avèreront être moins téméraires que les garçons et ne s’aventureront pas à tremper leur orteils…



La rivière coule au milieu de la jungle



Amélie et Charlotte

Il est bientôt midi, et il est l’heure de rentrer. Nous faisons un petit détour pour observer la fabrication du vin de palme, auquel j’ai goûté pour la première fois la veille (shame on me, ça va faire 7 mois que je suis ici). Mais ici, il n’y a pas de pressoir. Les camerounais font donc comme avec le raisin en France. On distingue une sorte de creux entouré de pières, juste à côté du "pressoir". Il faut ensuite laisser fermenter l’huile ainsi récoltée pendant plusieurs mois.



La fabrication de l’huile de palme

Dimanche 11 février

Il est 8H, et Martial -très matinal- nous réveille : le petit déjeuner est prêt. Nous avons tous bien dormi, malgré le terrain en pente.



Amélie, JP, Charlotte et Nath…

Un peu avant midi, les gens du village reviennent avec notre repas : de l’eau, du riz et deux poules… Nous leur laisserons évidemment le plaisir de les plumer et de les cuisiner.







A la une, à la deuze, à la troize...

Puis vers 15h, nous redescendons sur Nlohé. Les gens ne manquent pas de se retourner pour nous observer. Les blancs sont l’attraction du week-end en quelque sorte, surtout qu’ils ont « survécu » à la nuit en pleine montagne. On sentait un certain étonnement chez eux, lorsqu’ils nous voyaient surgir dans cet état lamentable : Nous sommes tous dégueulasses et ravis à l’idée de pouvoir se doucher… Là encore, on fait avec les moyens du bord : on remplit une bassine avec de l’eau de pluie, on attrape un savon et on squatte un petit recoin dans ce qui ressemble à des dépendances.

Charlotte, elle, met à profit la fin d’après-midi pour prendre en photo les gamins du village. Je crois bien qu’ils y sont tous passés, heureux comme tout de se voir sur l’écran digital.





Les enfants de Nlohé

Le soir venu, après avoir partagé le repas - du Goki, c’est purement indescriptible, hormis la couleur jaune orangée, et le goût pas mauvais - nous filons sur Nkongsamba. C’est aujourd’hui la fête de la jeunesse, et les rues sont animées. Il est donc aisé de se caser à l’extérieur d’un bar pour trinquer. Il n’y a évidemment aucun réfrigérateur à Nlohé. C’est donc avec un certain plaisir que nous avons enfin pu savourer une bière bien fraîche.

Randonnée

Puis on décide de donner le commandement à un porteur qui semble bien mieux connaître le coin. En route pour la randonnée tant attendue. Le trajet est désormais beaucoup plus agréable.




Une gazelle est passée par ici

Finalement, nous n’aurons pas le temps de monter tout en haut. Nous trouvons rapidement un endroit parfait pour planter la tente. Le temps est lourd, et le ciel chargé de gros nuages gris n’annonce rien de bon. Ca ne rate pas : la tente est montée qu’il commence à tomber des cordes.



Depuis le campement : vue sur les plaines du Mungo

Nous aidons ensuite Martial et les porteurs à construire un abri de fortune, avec des feuilles de bananiers : C’était plutôt marrant, vive les machettes. Pour le goûter, nous avons eu droit à de la canne à sucre. Il y a des choses plus pratique à manger : on mord dedans, puis on aspire le sucre en évitant de croquer les fibres.



Vive les feuilles de bananiers !

Vers 18h, il s’est arrêté de pleuvoir, l’heure idéale pour essayer de faire du feu. A cette altitude il fait bon, les criquets chantent, et la soirée autour du feu de camp, était très agréable.



Oh le joli criquet ! 

Samedi 9 février

Après une bonne nuit de sommeil, un peu courte cependant aux yeux de tous, nous profitons du réveil du village de Nlohé



Nlohé s’éveille : au fond, le Mont Kupé

Nous avons droit à un petit déjeuner local : omelette, cookies, café. La cuisine se fait dans une petite cabane, à l’arrière de la maison. Puis vers 11h, après avoir fait le plein de provisions, c’est le départ pour deux jours de randonnée, avec un guide et deux porteurs.



Magnifique cadrage du camerounais qui prenait la photo...

Comme d’habitude, le sentier, qui serpente au milieu de la jungle, grimpe dur et il fait chaud. De temps à autres, on entend le bruit des cascades… La végétation est malheureusement trop dense pour que l’on puisse les distinguer



Et au milieu coule une rivière…

Vers 13h30, le guide nous demande de faire une pause, car il va continuer seul. Quelques minutes plus tard, il revient : « on a trop monté, il faut redescendre ». Il faudra qu’on m’explique comment on fait pour trop monter lorsque l’on veut accéder au sommet… On lui explique à nouveau ce qu’on attend de lui, puis on continue la grimpette. On arrive alors sur un petit plateau, avec une vue magnifique sur… la végétation. Pas terrible en somme. Et le guide sort « voilà, nous sommes arrivés au sommet, à 2500m». Tous la feras à d’autres : d’une part, le sommet est à 2064m, et d’autre part, en face il me semble que ça continue de grimper !



Le pseudo-sommet

C’est grâce aux porteurs que nous commençons à comprendre : Nous sommes à 1500m, il s’agit de la frontière entre le village de Nlohé et celui de Tombei. Le chef de Nlohé avait donné son aval pour que l’on parte en rando, mais celui de Tombei n’étant pas au courant, impossible de continuer. On s’en souviendra, mais pourquoi ne pas nous l’avoir dit plus tôt ?? Les porteurs nous informent alors que le guide n’a pas pris le chemin correspondant à la ballade que nous voulions faire : les autres touristes passent par l’autre côté du village. Tant pis, on pique-nique ici.



L'heure du manger a sonné

Vendredi 8 février

Déjà le week-end pour moi et c’est plutôt chouette ! Mais il faut quand même que je prépare mon sac, et que je fasse les niveaux de la voiture car on part dans l’ouest jusqu'à lundi. Le départ était prévu pour 14h… Mais le temps de récupérer les tentes, les duvets, les courses et Charlotte, nous ne partirons en fin de compte que vers 17h30. Mieux vaut tard que jamais, comme on dit. Le convoi comporte deux voitures : JP, Nath et Charlotte dans l’une, Martial, Amélie et moi dans l’autre. Après quelques 7h de route, nous arrivons enfin au petit village où habitent les grands-oncles et tantes de martial. Il est 1h du mat, et toute la famille s’est levée pour nous accueillir… Les filles dorment dans la chambre, martial couche par terre dans LA pièce pendant que JP et moi squattons les banquettes arrières des voitures.

lundi 5 février 2007

Religion

Un dimanche matin comme les autres, à Versailles... Il est 8h du mat, et les illuminés d'à côté chantent à tue tête avec leur sono à bloc : "Oui, dieu et grand, et si toi fidèle, dieu t'as dans ton coeur car jesus te sauvera, c'est le plus fort et il faut prier" bref des lambeaux de phrases qui se succèdent à l'infini, formant une phrase complètement dénuée de sens... Et c'est franchement soaulant quand on veut faire la grass mat' !! C'est une secte (mais ça, à la limite on n'en a rien à cirer du moment qu'ils la mettent en sourdine) dénommée "la vraie église de dieu du cameroun". Ca ne s'invente pas ;) Les méthodes de résolution à l'amiable n'aboutissant pas, on a mis sur la table quelques idées : payer la sonel (EDF au cameroun) pour court-circuiter leur transfo, rajouter des cadenas supplémentaires pour ne plus qu'ils puissent ouvrir, leur faire peur avec des rites vaudou, former une cohalition avec l'église voisine qui, elle, souhaiterait ne plus avoir de concurrente, ou encore mettre du punk bien trash à fond depuis le balcon. Désormais, ils nous interdisent d'entrer et de nous plaindre, profèrent des menaces envers les gardiens et ménagères. Une plainte officielle à été déposée, mais elle doit etre enfouie sous des tonnes de paperasses... Si vous avez des idées, écrivez nous !

vendredi 2 février 2007

Bafoussam

Flash back... 20 décembre 2006... Séjour dans l'ouest... Fin d'après-midi dans Bafoussam... Je n'ai pas de plan de la ville, et je dois pourtant la traverser afin d'atteindre Dschang. Les rares personnes qui accepetent de s'arrêter lorsque je leur demande la direction à suivre prononcent, lentement, et avec ce typique accent camerounais, ces quelques mots : "Hein ?? je vous suit pas..." D'autres m'indiquent une rue. Mais 5 minutes plus tard, lorsque je demande à nouveau mon chemin, on me renvoit là d'où je viens. La plupart d'entre eux n'est jamais sorti de la ville ! Pour éviter la rue principale, complètement défoncée, je décide de prendre une petite rue parallèle, en terre battue. La population se fait de plus en plus dense. Le pick-up progresse tant bien que mal, fendant cette masse de gens de plus en plus rétiscente à l'idée de me laisser passer.



Il faut dire qu'il en impose...

Je me retrouve en fait au beau milieu du marché. Les camerounais qui m'apperçoivent au volant comment à m'interpeler "Hé! le blanc, le blanc !!" Les plus jeunes cognent à la vitre en disant "j'ai faim". Lorsque soudain, la foule s'écarte, laissant apparaître juste en face de moi un mini-bus. Coincé. 30 secondes s'écoulent ainsi, immobiles. Le chauffeur d'en face fait des appels de phares, ainsi que de grands signes en direction de ma gauche. Je regarde un peu plus attentivement. Sauvé : il y a une ruelle, qui, bien qu'encore plus exigüe que la rue du marché, et après une manoeuvre périlleuse me permet d'échapper à cette population m'entourant, qui commencait à se faire de plus en plus opressante : "Le blanc, lache 5000 !", "On veut la bière ! " Qu'elles m'ont parues longues, ces secondes où je me demandais si je n'allais pas aboutir à un cul de sac... Mais non, cette fois c'en est fini pour de bon. J'aterris sur la rue principale, juiste en face d'une station service où je peux enfin demander mon chemin à un pompiste originaire de Dschang : Je suis sur la bonne route. 45 Minutes plus tard, et après avoir évité de justesse un troupeau de zébus squattant la route juste derrière une colline, je m'installe pour la nuit au Centre Climatique de Dschang.